Stootie, vous connaissez ? Cette startup permet de mettre en relation des Stooters, une communauté de plus de 800.000 membres qui se rendent service entre elles. Besoin d’aide pour votre déménagement, vos travaux, garder votre enfant… ? Vous trouverez forcément la personne idéale pour répondre à votre besoin sur Stootie ! Aujourd’hui nous interviewons Jean-Jacques Arnal, le fondateur à l’origine de cette grande communauté !
Pouvez-vous vous présenter en quelques lignes ?
J’ai commencé par créer en 2004, l’association pour la promotion du service civil dont le but était de démultiplier le budget de l’éducation en développant un service civil qui aurait assuré une partie des missions de la fonction publique. Le service civil permet de donner progressivement une première expérience professionnelle durant les études, et l’associe à une première expérience civique afin que chaque génération soit consciente de ses devoirs et des responsabilités.
Le deuxième avantage, majeur, et oublié par les hommes politiques jusqu’à présent est qu’en rémunérant des étudiants, et en les incorporant à la fonction publique, l’Etat pourrait très certainement optimiser ses dépenses et faire des économies. L’idée était et est toujours d’affecter ces économies aux infrastructures éducatives (écoles, collèges, lycées, établissements d’enseignement supérieur).
Pour moi, cette association de promotion du service civil fut extrêmement importante. Le service civil pourrait devenir une nouvelle institution. Il s’est considérablement développé depuis quelques années mais n’est qu’à l’aube du potentiel qu’il recèle.
J’ai ensuite fondé la société Imaginatio en 2005, qui s’est spécialisée dans l’intelligence artificielle et dont le but fut de développer une technologie à même de relier les connaissances les unes aux autres afin que, sur n’importe quel sujet, les connaissances vous soient apportées comme “sur un plateau”. Nous avons ainsi développé avec notre équipe un traitement de texte “intelligent”, une sorte d’écriture augmentée. Notre logiciel appelé Splayce permettait aux avocats et aux juristes de découvrir en temps réel toutes les références juridiques citées dans le document qu’ils consultaient ou rédigeaient. En parallèle d’Imaginatio, j’ai créé Stootie en 2011, car il n’existait aucune application permettant de simplement relier des personnes ensemble pour faire des choses instantanément à un endroit donné. Le potentiel pratique de cette idée était considérable !
Comment vous est venue l’idée de Stootie ?
L’idée de Stootie m’est venue en réfléchissant aux possibilités d’optimiser l’utilisation des ressources existantes. Nous sommes en effet, à un instant donné, à un endroit donné mais il n’existe pas de manière simple de savoir toutes les ressources qui sont autour de nous : objets à emprunter, livres à lire, services à demander. Vous habitez à la campagne, vous n’avez pas de voiture, quelqu’un qui réalise un trajet tous les jours peut vous livrer des courses facilement. Stootie est né de ce constat, déjà présent dans l’idée du service civil que nous pouvons, collectivement, créer une société meilleure en optimisant l’allocation des ressources. Dans Stootie, il y a ainsi d’un côté l’idée collaborative du service civil et de l’autre les possibilités inhérentes au smartphone : temps réel, expérience personnalisée, géolocalisation.
Stootie, ça consiste en quoi ?
C’est tout simple. On s’en sert comme un SMS. Il suffit de dire ce dont on a besoin et les personnes qui sont autour de vous sont instantanément notifiées. Vous avez une panne de batterie sur votre voiture, vous l’indiquez sur Stootie et les personnes aux alentours peuvent vous dépanner. De cette manière, vous êtes sûrs de toucher les personnes qui auront à cœur de vous donner un coup de main. Stootie, ce sont des services gratuits ou rémunérés et l’essentiel est aujourd’hui de ce côté-là. Stootie est vraiment totalement généraliste, n’impose pas un format d’échange (vous pouvez troquer, donner ou rémunérer), près d’un million d’utilisateurs et se retrouvent ainsi derrière cette logique et 300 000 l’utilisent chaque mois.
Sur quoi repose votre business model ?
Stootie dispose d’un système de paiement en ligne qui permet de sécuriser la prestation du service demandé. Si vous proposez vos services, passer par le paiement en ligne vous assure le fait qu’il vous est payé. Le montant de la transaction est en effet conservé par Stootie et n’est versé qu’une fois la prestation réalisée. Sur ce paiement, Stootie prélève une commission totale de 15 %.
Quel(s) conseil(s) donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer dans l’entrepreneuriat ?
Un conseil simple : prendre du recul aussi souvent que possible, confronter ses idées à celles d’autres personnes pour comprendre l’ensemble de la problématique et y répondre de la bonne manière.
Votre avis sur l’économie collaborative ?
Si l’on considère qu’il s’agit d’une économie fondée sur l’allocation idéale des ressources existantes, l’économie collaborative est avant tout un idéal. Sur le fond, elle révèle des richesses mais court-circuite les infrastructures traditionnelles de distribution des biens et services. Elle est, ainsi, peut-être révolutionnaire en soi. En effet, le principe derrière un site comme Stootie est que nous sommes tous fondés à échanger économiquement. On revient, en un sens, à ce qui a fait la Révolution, les décrets D’Allarde et la loi Le Chapelier. Or, dans la société française actuelle, les règles, les lois, les règlements ont essayé de placer chaque citoyen dans une fonction précise avec des obligations précises suivant son activité économique. Je pense que cette logique doit vivre ses dernières heures car les citoyens, pour vivre dans une confiance mutuelle, ont avant tout besoin de simplicité. Les règles juridiques doivent être compréhensibles de tous et fondées avant tout sur la protection des libertés publiques et la sécurité des citoyens. Je pense, en ce sens, que l’économie collaborative est un gigantesque “stress test” sur un modèle de bureaucratie réglementaire démocratique qui a abouti à une société de défiance à l’égard du politique et à un corpus de normes beaucoup trop complexe, impossible à appréhender par chaque citoyen et bridant le potentiel de création.
Quels sont les projets à venir pour Stootie ?
Nous avons récemment réalisé un tour de table très significatif de près de 10 millions d’euros. Ce qui nous a permis de recruter des personnes au potentiel remarquable. Nous allons annoncer, dans les mois à venir, des évolutions très importantes de l’application qui vont changer la manière dont nous regardons le monde qui nous entoure.
Derniers commentaires